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« Purge » dans l’administration tunisienne : 300 mille fonctionnaires

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Posté le 15/08/2023 10:02:57

خبر ممتاز


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Posté le 14/08/2023 13:13:02

ce n'est que pour satisfaire les exigences de l'FMI


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Posté le 14/08/2023 13:13:02

En nommant Ahmed Hachani à la tête du gouvernement, le président de la République Kais Saied a insisté sur une principale mission : purger l'administration tunisienne, qu'il juge paralysée par des recrutements et des nominations illégaux. Kais Saied prépare-t-il un coup de balai à grande échelle au sein de l'administration tunisienne ?   

Tous les observateurs s'accordent sur un constat : l'administration, à travers ses différents services, a été asphyxiée par des recrutements abusifs tout au long de la dernière décennie. Nombreux ont été recrutés au nom de la préservation de la paix sociale, alors que pour d'autres on soupçonne un traitement de favoritisme, outre la question des faux diplômes.

La masse salariale a carrément explosé après la révolution à cause des recrutements jugés abusifs et non étudiés dans la fonction publique. Seulement durant les trois premières années après la révolution quelques 67 mille demandeurs d'emploi, dont plus de neuf mille blessés de la révolution ont été recrutés, selon des chiffres officiels.

Autant le rappeler, juste avant la révolution, l'Etat embauchait seulement 404 mille salariés dans la fonction publique. De nos jours, les statistiques actualisées font défaut, alors que selon certaines estimations, on affirme que la masse salariale dans la fonction publique a doublé depuis 2011.

Selon un document de référence élaboré par l'Institut national de la statistique (INS) qui schématise l'évolution du nombre de fonctionnaires et de leur masse salariale durant la période 2011-2015, l'année 2012 a connu le recrutement de 88,2 mille salariés. A fin 2015, on comptait quelque 604 mille fonctionnaires publics.

En effet, cette saga de recrutements intensifs a commencé en 2012 notamment dans les ministères de l'Education, de l'Intérieur et de la Santé et dans d'autres établissements publics au détriment des équilibres financiers de l'Etat. Actuellement, le nombre des fonctionnaires publics avoisine les 700 mille, soit le double qu'avant la révolution, avec près de 207 mille personnes travaillant dans le secteur de l'Education et 104 mille dans l'Intérieur.

Que prépare Kais Saied ?

Ces chiffres donnent certes le vertige si on rappelle que le Maroc compte près de 600 mille fonctionnaires publics pour une population active de 27,5 millions personnes. Mais comment assainir l'administration tunisienne alors que le climat social est déjà très tendu et que la crise économique et financière bat son plein ?

Le président de la République qui présidait, mercredi 2 août 2023 au palais du gouvernement à la Kasbah, la cérémonie d'investiture du nouveau chef du gouvernement Ahmed Hachani, a annoncé la préparation d'un projet de loi " ayant pour objectif d'assainir l'administration des éléments qui s'y sont infiltrés et qui entravent depuis dix ans les projets de l'État ".

Mais qui sera concerné précisément par ces nouvelles dispositions ? Allons-nous procéder à des licenciements directs d'agents recrutés et titularisés illégalement ? Cela se fera-t-il sur plusieurs années ou d'une manière brusque ? Quel sera le coût de cette manœuvre sur la paix sociale et sur le taux de chômage ? Tant de questions qui se posent alors que les contours de cette opération "mains propres" au sein de l'administration sont, pour l'instant, peu clairs.

Près de 300 mille recrutés post-révolution seront donc concernés par ces mesures si le gouvernement décide de passer au crible tous ces recrutements. Mais l'Etat possède-t-il les compétences et les moyens nécessaires pour lancer cette opération qui nécessite un audit approfondi ? On peut déduire que seulement deux catégories seront concernées par ces éventuelles décisions : Les détenteurs de faux diplômes et les recrutés par favoritisme et par copinage.

Or il importe de signaler que le processus de vérification de ces recrutements et de ces nominations douteux nécessite la mise en place de normes scientifiques voire l'engagement d'un audit approfondi pour éviter tout effet contreproductif. Cette opération périlleuse nécessitera également la mise en place d'un index national des diplômes reconnus pour éviter toute fraude, chose qu'envisage déjà le ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique.

A cet effet, l'expert en économie Moez Joudi juge indispensable d'assainir l'administration de ces recrutements abusifs. M. Joudi a déploré le fait que la masse salariale est passée de 6 milliards de dinars en 2011 à 23 milliards actuellement. Il a fait part de recrutements aléatoires nécessitant un audit, ainsi que de promotions professionnelles irrationnelles.

Pour sa part, le Directeur du Centre d'Études et de Documentation Économiques, Juridiques et Sociales Ridha Chkoundali estime que le dilemme des faux diplômes est bien réel dans l'administration tunisienne, mais appelle le chef du gouvernement à se concentrer sur les lois qui font fi du bon fonctionnement de l'administration. " Le plus urgent aujourd'hui est de réformer ces lois qui sont à l'origine de la bureaucratie ", a-t-il appelé.

En tout cas, l'image reste confuse concernant cette éventuelle purge qui se prépare dans les coulisses de Carthage et de la Kasbah. Autant dire que d'autres pays ont procédé à cette même mesure pour différents motifs. Le dernier était la Turquie où plus de 110.000 personnes ont été renvoyées ou suspendues de leur fonction en 2016 suite à un coup d'Etat avorté par le régime du président Erdogan.

C.L 


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